Opinion | Napoléon n’est pas un héros à célébrer

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En mai de cette année-là, Napoléon a résolu le conflit en publiant un décret permettant le maintien de l’esclavage. Le corps législatif de la République a ensuite ratifié la loi avec un vote de 211 voix contre 63, créant une ouverture pour le retour de l’esclavage ailleurs. Les Noirs de l’île de Guadeloupe ont combattu les troupes françaises que Napoléon avait envoyées là-bas pour les enchaîner une fois de plus, mais ils ont finalement perdu leur lutte et ont vu l’esclavage officiellement rétabli en juillet.

Les choses se sont déroulées différemment, mais non moins tragiquement, à Saint-Domingue. Sous la direction de deux généraux envoyés sur l’île par Napoléon pour, selon ses propres termes, «anéantir le gouvernement des Noirs», l’armée française reçut l’ordre de tuer tous les gens de couleur de la colonie qui avaient jamais «porté une épaulette». Les soldats français ont gazé, noyé et utilisé des chiens pour massacrer les révolutionnaires; les colons français se sont vantés ouvertement qu’après «l’extermination», l’île pourrait simplement être repeuplée avec plus d’Africains du continent.

Cette solution monstrueuse n’a fait qu’encourager les soldats noirs à se battre pour «l’indépendance ou la mort». Après avoir vaincu l’armée de Napoléon et déclaré son indépendance, Haïti est devenu le premier État moderne à abolir définitivement l’esclavage.

Mes étudiants et collègues, en France et aux États-Unis, réagissent généralement avec choc et horreur lorsque je décris comment des milliers de Noirs de Saint-Domingue ont été si cruellement tués par les Français alors qu’ils se battaient pour les libertés que la plupart des gens tiennent aujourd’hui pour acquises. J’insiste pour réciter cette partie douloureuse du chemin vers l’indépendance d’Haïti car le fait même que cette tentative de génocide reste pour la plupart tacite prouve que la République française est toujours incapable de faire face pleinement à son histoire d’esclavage et de colonialisme.

«L’Année Napoléon» est arrivée à une époque dangereuse. Les universitaires français qui étudient la race, le sexe, l’ethnie et la classe sont attaqués. Le président Emmanuel Macron a tourné en dérision le champ des études postcoloniales en suggérant qu’il «a encouragé l’ethnicisation de la question sociale» au point que la République est en danger de «scission». Le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation a carrément appelé à une enquête, «afin que nous puissions distinguer la recherche universitaire appropriée de l’activisme et de l’opinion», et a déclaré que les chercheurs étudiant la théorie critique de la race et la décolonisation, ainsi que l’identité sexuelle et la classe sociale, faisaient la promotion Idéologie «islamo-gauchiste».

Cette enquête est présentée comme une simple enquête sur les mérites d’écoles de pensée particulières; il s’agit en fait d’une tentative de faire taire quiconque ose parler ouvertement de l’histoire du racisme en France. Mais consacrer une année entière à la mémoire de Napoléon démontre que la répression de l’histoire au nom de l’idéologie préférée de la France, l’universalisme, est déjà un élément crucial de la République.

Au lieu d’appeler à une enquête sur des universitaires déterminés à sensibiliser davantage au rôle que jouent la race et le racisme dans la vie des descendants de l’esclavage et du colonialisme, les dirigeants français devraient peut-être ouvrir une enquête sur les raisons pour lesquelles Napoléon, un belliciste raciste et génocidaire, continue de être glorifié dans le pays dont la devise nationale est «liberté, égalité, fraternité».

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